Nous venons d’être informés que malgré la pétition qui avait réuni plus de 11 000 signatures en 2018, malgré l’enquête publique et ses conclusions défavorables du mois de septembre 2022, malgré les trois recours de l’AUPASE actuellement en cours d’instruction au Tribunal Administratif et malgré le recours de Madame Audrey Touron, cheffe de fil de l’opposition, Henri Pons a déposé, en date du 23 juin 2023, une demande de modification du P.L.U. de la commune d’Eyguières à la Métropole Aix Marseille Provence.
Aux termes des documents désormais publiés par la Métropole, la demande formulée par le Maire d’Eyguières porte sur une « mise en compatibilité » du PLU pour « la réhabilitation de l’aérodrome et de la piste de karting d’Eyguières. »
En deux mots, il persiste et signe.
Cependant, le moins qu’on puisse dire c’est que le dossier n’évolue pas dans le sens voulu par l’autocrate des Alpilles !
Dernière en date :
Après avoir vainement réclamé le retrait du projet d’aérodrome jugé illégal, le Préfet de Région a déféré lui aussi le dossier au Tribunal administratif de Marseille pour faire annuler le contrat de concession du 19 avril 2023.
Il est donc permis de supposer que la requête en annulation du Préfet sera le dernier clou sur le cercueil du projet Pons.
Dès le mois de mars dernier, notre blog avait d’ailleurs pressenti une telle issue et laissé entrevoir cette fin peu glorieuse du dossier.
L’ensemble des recours contre le projet devrait d’ailleurs passer en jugement au cours du troisième trimestre de cette année.
Il y a donc fort à parier que le grand nettoyage sera pour bientôt.
Dans l’intervalle, il n’est pas inintéressant de se pencher sur la modification du PLU demandée par le Maire d’Eyguières.
Il convient tout d’abord de noter que la compétence des communes en matière de Plan Local d’Urbanisme a été transférée depuis le 1er janvier 2018 à la Métropole Aix Marseille Provence.
Henri Pons n’a donc plus la main pour modifier à sa guise le PLU de la commune.
Aux termes des textes applicables, la déclaration de projet doit faire l’objet d’une concertation associant, pendant la durée des études, les habitants, les associations locales et les autres personnes concernées, en application des dispositions du Code de l’urbanisme.
La transparence est donc assurée par la Métropole.
Fini les coffres forts, les notes de service du directeur de cabinet pour museler le personnel municipal et les demandes de renseignements qui restent sans réponse.
Il est d’ailleurs probable que la demande de modification du PLU qui, comme évoqué, date déjà du mois de juin de l’année dernière, soit née de l’élan qui avait accompagné la signature du contrat de concession du mois d’avril 2023.
À ce stade, Henri Pons clamait encore sur tous les toits que son projet était passé par un « contrôle de légalité préfectoral qui avait duré deux ans » et qu’il avait désormais « l’accord de l’État pour son projet d’aérodrome ».
Nous savons aujourd’hui qu’il n’en était rien.
En lieu et place, la « présentation du projet » transmise à la Métropole en juin 2023 contient de véritables perles :
Tout d’abord, Henri Pons indique vouloir « mettre fin à une utilisation désordonnée de la zone, par la mise aux normes et la création d’installations modernes susceptibles d’accueillir les activités de loisirs et sports mécaniques dans des conditions optimales et dans le respect du cadre environnemental privilégié du projet ».
Nous revoilà à la gestion prétendument « chaotique » reprochée à plusieurs reprises à l’AUPASE !
Oubliés les compliments du Maire lui-même et les conclusions du rapport Glide Concept qui attestait à l’association des utilisateurs une « gestion remarquable ».
En revanche, pas un mot sur l’absence totale d’entretien des installations depuis la prise en main de l’aérodrome par la Commune et sa SEMOP, pas un mot au sujet de 80 journées de fermeture arbitrairement décrétées depuis mars 2018, pas un mot non plus sur les incendies à répétition sur la plateforme ou la parfaite incompétence en matière aéronautique des intervenants mandatés par le Maire d’Eyguières pour « gérer » et surtout pour « exploiter » cet aérodrome de loisirs.
Par contre, on peut lire dans la présentation du dossier que :
« Le projet prévoit également une forte production en énergies renouvelables à travers le développement de centrales photovoltaïques. »
Il est permis de rêver dirions-nous !
En réalité, le projet d’un parc photovoltaïque au sol à l’aérodrome d’Eyguières est mort et enterré et la modification demandée du PLU n’y changera rien.
Comme exposé dans un précédent billet, EDF Renouvelables a d’ores-et-déjà renoncé au parc photovoltaïque de 18 hectares prévu par le projet et dont les recettes étaient destinées à combler les déficits inéluctables du budget de la SEMOP, et pour cause !
Comme indiqué en son temps par le conservateur de la réserve naturelle :
« Ce projet contrevient à tous les objectifs de biodiversité fixés pour la zone et n’a par conséquent aucune chance d’aboutir. »
Monsieur Pons, quant à lui, s’est de toute évidence épargné de participer aux obsèques de ce volet particulièrement fantasmagorique de son projet puisque, à l’occasion d’un récent conseil municipal, il clamait encore ne pas être au courant d’une renonciation d’EDF et que « tous les jours, des opérateurs photovoltaïques frappent à ma porte. »
Et encore :
« Le projet, en poursuivant des objectifs de développement d’activités et d’équipement de loisirs, de production d’énergies renouvelables, présente un intérêt général certain car il permet la réhabilitation, la modernisation et la pérennité d’activités existantes, la création d’emplois et participe à la transition énergétique du territoire. »
Henri Pons ose donc invoquer que son projet d’aérodrome serait revêtu d’un intérêt général.
L’intox parfaite.
Pour s’en convaincre il suffit de regarder les 2.800 observations consignées par les citoyens sur le registre de l’enquête publique de 2022.
Bien évidemment, l’exposé de l’édile ne mentionne pas d’un seul mot que le projet, d’un volume de 48 millions d’Euros, est totalement irraisonnable pour une commune de 7.000 habitants et qu’il n’a pas d’autre but que celui d‘un investissement à but lucratif au détriment du sport aérien.
La fable ponsienne se poursuit ensuite par une déclaration d’intention consistant à vouloir « réduire, de manière vertueuse, l’impact des investissements sur les utilisateurs ».
Si ce propos était destiné à faire rire, c’est réussi !
En l’état actuel des choses, et avant même le début des travaux, les utilisateurs prétendument bénéficiaires de la « vertu » proclamée, se voient en effet destinataires de factures multipliées en toute illégalité par 7 par rapport aux tarifs antérieurs !
Vertueux, en effet !
Et la Commune de poursuivre que :
« Le cadre et les installations réalisés devront permettre une évolution très rapide vers des activités utilisant des sources d’énergie vertes, électricité dans un premier temps, hydrogène ou autres par la suite. »
Notre avis :
Le Maire Pons expliquera à l’occasion le sort qu’il entend réserver aux 175 machines actuellement basées sur la plateforme et qui fonctionnent à l’essence ou au kérosène.
En dépit des récentes perquisitions (annulées par la Justice) de l’ensemble des hangars et de plus de 800 pages de rapports élaborés par trois études d’huissiers, il a dû lui échapper qu’actuellement, aucun aéronef basé à Salon-Eyguières ne fonctionne à l’électricité.
Et ne parlons même pas d’hydrogène !
Notre suggestion :
Le maire d’Eyguières et ses acolytes devraient également se pencher sur l’atomique ! Le bilan carbone de ce type de propulsion est excellent et s’adapterait parfaitement à un greenwashing supplémentaire du projet !
Pour le surplus, nous conseillons à tous nos lecteurs de participer à la consultation publique qui vient d’être lancée par la Métropole.
Avantage non négligeable, cette fois-ci, point d’adresse mail en mairie d’Eyguières, créée à l’insu de l’enquêteur public !
Déposez donc vos observations à l’adresse officielle :
https://www.registre-numerique.fr/eyguieres-dpmec1-plu-concertation/deposer-son-observation
Et comme pour l’enquête publique de 2022, faites passer l’information à vos amis, à votre famille et à tous ceux qui tiennent à notre aérodrome !
Nul doute que le résultat de cette nouvelle consultation soit identique à celui de l’enquête publique de 2022 :
Un camouflet violent de plus pour Henri Pons et sa majorité taisante.