Un vent de folie souffle sur la Crau et comme le reste cela tournera court.

Que faisait Monsieur Pierre Signoret, à la fois directeur de développement d’NGE et directeur de SEZAME (la SEMOP balbutiante, fondée entre le bâtisseur et la Commune d’Eyguières) dans l’Algeco de la régie en cette matinée du 7 avril courant ?

Vérification faite, nous pensons avoir la réponse.

En effet, le groupe NGE a récemment publié un « appel à manifestation d’intérêt » sur le site de SAFE, un pôle de compétitivité français positionné sur les filières « Aéronautique & Spatial », « Sécurité & Sûreté » et « Défense et Environnement ».

NGE, structurellement totalement étranger au secteur aéronautique, se trouve ainsi en compagnie de spécialistes comme Thalès, Airbus Défense, Dassault Aviation ou encore Airbus Hélicoptères.

Un « appel à manifestation d’intérêt » quant à lui est une procédure ad hoc, non incluse dans le Code de la Commande publique, permettant à une collectivité (!!!) de solliciter des candidats qui seront invités à soumissionner lors de futures procédures de passation de marchés publics.

NGE s’auto-attribue donc les prérogatives réservées à une collectivité ou à un concessionnaire issu d’une procédure d’attribution réglementaire. Seulement voilà, la procédure d’attribution concernant la délégation de service public de l’aérodrome d’Eyguières n’est à ce jour pas achevée et a de fortes chances de ne jamais l’être. Et Monsieur Pierre Signoret le sait fort bien. Le choix du terme « opérateur » n’est donc autre qu’un subtil subterfuge linguistique pour cacher au public qu’une fois de plus, NGE met la charrue avant les bœufs.

L’appel à manifestation d’intérêt publié a pour objectif de faire développer un algorithme pour reconnaitre les avions, ULM, planeurs (et non pas planneurs !) et autres para-moteurs, le tout pour enfin arriver à automatiser la surveillance du trafic. Et pour cause ! Confrontés à une avalanche de procédures en annulation des taxes d’atterrissage, le Maire Pons, sa régie moribonde et les attributaires d’un appel à candidatures tout aussi illégal que les taxes litigieuses elles-mêmes, cherchent de toute évidence une issue au dilemme budgétaire en résultant. Le concept ? Répertorier les avions et leurs mouvements sans pour autant devoir déployer du personnel in situ. Autant demander à une casserole de faire les courses, de couper les oignons et de se nettoyer elle-même après la cuisson. Une parfaite fantasmagorie !

Mais il y a mieux :

Le cahier des charges publié par NGE va jusqu’à exiger de la part des soumissionnaires « la connaissance du radar pour optimiser l’espace dans les hangars » Hilarant ! Autant dire que les avions à « Eyguières-Les Alpilles » seront guidés par radioguidage jusqu’à des places disponibles dans les futurs hangars. Et des places libres il y en aura, nous en sommes convaincus ! Cependant, et mis à part les aspects techniques liés à la réalisation d’une telle faribole, il conviendra peut-être de rappeler une fois de plus qu’en l’état, les hangars présents sur l’aérodrome d’Eyguières appartiennent à ceux qui les ont construits.

Et les perles ne s’arrêtent pas là :

NGE exige des candidats potentiels une « forte capacité d’adaptation à un environnement contraint économiquement ». Entendons par là que « l’opérateur » autoproclamé est probablement conscient que le chiffre d’affaires des 40.000.000 € hors taxes, publié sur l’appel d’offres de la commune pour la SEMOP, relève lui-aussi d’une pure fantasmagorie.

De toute évidence, NGE rechigne à injecter de nouveaux capitaux propres dans ce projet voué à l’échec car, comme on peut le lire dans l’appel à manifestation d’intérêt, « l’objectif à terme pour NGE sera de présenter un projet global à un ou plusieurs financeurs publics en capacité de financer les travaux de recherche et développement et l’expérimentation à mettre en place. » Le bâtisseur compte donc sur des capitaux publics. Impeccable. Autant conclure que le sens de l’écoulement des eaux du Rhône changera prochainement de direction.

NGE persiste donc dans la démarche initiée par l’autocrate Pons, consistant à abandonner une structure de « Sports et loisirs » au profit d’une unité commerciale avec au bout, n’ayons pas peur des mots, un échec assuré et retentissant.

Selon nos estimations, le projet Pons pour l’aérodrome coûtera à NGE de 400 à 500 000 € en pure perte. Ne rappelons à ce titre que la création des plans d’architecte du projet, le coût des études d’impact (tant pour l’aérodrome que pour le Karting), la production du film aux images de synthèse projeté à la cérémonie des vœux du Maire Pons, la rédaction de la réponse au MRAe, puis l’achat du chargeur d’avion électrique (35 000 €) jamais installé etc.

Certes, pour ce type de sociétés, cela fait partie du jeu. Ce qui est évident dans le cas qui nous intéresse, c’est que le bâtisseur se lance tête baissée dans un domaine dont il ignore même les fondements : La méconnaissance de la matière aéronautique dans les étages décisionnaires du groupe NGE trouve ainsi sa manifestation éclatante quand « l’opérateur » joint à son appel à candidatures un manuel de radiotéléphonie. Hilarant ! Les soumissionnaires éventuels sont donc invités à apprendre d’abord les « basics » de la communication aéronautique avant de pouvoir en instruire l’intelligence artificielle. Il y a du boulot !

Autre ineptie qualifiée : Le rédacteur du cahier des charges estime pouvoir utiliser des « briques existant partiellement dans les ports de plaisance ». Inouï ! Pour s’en convaincre, il suffira de comparer les vitesses en jeu : Là où dans les ports de plaisance, la vitesse d’évolution des bateaux est le plus souvent limitée à 5 nœuds, le moindre avion de tourisme fera son approche à une vitesse dix à douze fois plus importante. Ajoutons à cela la largeur de 150 mètres des pistes principales de l’aérodrome et le calibrage des téléobjectifs nécessaires à les répertorier est donné. Ne parlons même pas du fait que les aéronefs extérieurs (donc inconnus de l’opérateur) ne représentent qu’une infime partie du trafic de l’aérodrome d’Eyguières. Les aéronefs basés, payant un abonnement comme stipulé dans l’appel, ne seront donc pas concerné par le dispositif. Nous suggérons à ce titre de se reporter sur les parties jusqu’ici caviardées des études de faisabilité. Là encore, il se pose la question de la rentabilité des installations nécessaires pour « couvrir » les pistes et voies de circulation de cet aérodrome de loisirs.

Avis aux spécialistes en intelligence artificielle :

Ne perdez pas votre temps et votre argent ! Ce projet n’a aucun sens et ne sera jamais rentable.

L’AUPASE, qui dispose de statistiques fiables couvrant plusieurs décennies, évalue le nombre d’aéronefs de passage à environ 5 % du trafic global. Autrement dit, la plateforme de Salon-Eyguières accueille moins de 4 avions extérieurs par jour calendaire. Vouloir mettre en place un dispositif d’intelligence artificielle comme celui suggéré par l’appel à manifestations d’intérêt publié équivaut à tirer sur des moineaux avec des canons de précision.

Conclusion :

En l’état actuel, NGE n’a rien à chercher sur cet aérodrome ouvert à la circulation aérienne publique : Une intervention du bâtisseur au titre de la régie nécessiterait d’abord d’être l’attributaire d’un appel d’offre qui, à ce jour, n’a pas vu le jour. Puis, la présence d’NGE au titre de la SEMOP n’est pas plus justifiée à ce stade puisque aucun contrat de concession ne lui a été consenti à ce jour, n’en déplaise à Monsieur Henri Pons, Maire d’Eyguières.

Les réceptions de Monsieur Pierre Signoret dans l’Algeco de la régie d’aérodrome ne sont donc que gesticulation inutile et vaine.