La conspiration du silence

13/02/2022

Vous souvenez-vous de ce que vous avez fait le 23 novembre dernier ?

Non ?

À défaut de pouvoir vous aider à répondre à cette question, nous pouvons toutefois vous dire ce qu’a fait Henri Pons ce jour-là.

En tant que lecteur de ce blog, notre réponse vous intéressera à coup sûr.

Qu’en est-il donc ?

Alors qu’en cette matinée du 23 novembre, la Provence s’apprête à vivre une journée agréable, avec un thermomètre qui va grimper jusqu’à 17 degrés, sous un ciel lumineux comme il avait tant inspiré les peintres, le Maire d’Eyguières s’organise un programme haut en couleurs.

Ainsi, Henri Pons réunira en toute discrétion les représentants des sociétés NGE, Rampa Réalisations et Garlaban Finance pour procéder à la signature des actes constitutifs de la SEMOP destinée à recevoir la délégation de service public de l’aérodrome municipal.

Le lieu de la rencontre n’a bien évidemment pas plus été communiqué que la tenue de la réunion elle-même.

Pourquoi perdre son temps à attirer les regards curieux et les questions dérangeantes des utilisateurs concernés ou de l’opposition municipale ?

L’emploi du temps de la journée devait être dense :

Un émissaire sera aussitôt dépêché au Centre Affaires du Crédit Agricole d’Avignon pour y déposer tant les statuts fraîchement signés que les fonds correspondants au capital social de la société « SEZAME », propulsée contre vents et marées par Henri Pons, Maire d’Eyguières.

Inutile de rappeler que, par là-même, les caisses de la Commune s’en trouveront délestées d’un montant de 99.000 € …

Souvenez-vous : À l’occasion du Conseil municipal du 15 décembre 2020, Monsieur Pons, de toute évidence à court de liquidités en fin d’année, s’était même fait autoriser à en prélever une partie sur la réserve pour travaux urgents de voirie.

Le silence quant à signature des actes de la SEMOP sera jalousement gardé pendant plus de deux mois jusqu’à ce que la société soit finalement déclarée au Tribunal de Commerce de Tarascon le 28 janvier dernier.

Monsieur Pons pourra donc enfin signer le contrat de concession.

En attendant l’issue des procédures en cours, « SEZAME » deviendra ainsi l’exploitant de l’aérodrome de Salon-Eyguières en remplacement de la régie municipale qui n’aura que trop duré. Après avoir créée cette dernière en mars 2018 « pour quelques mois », Monsieur Pons ne nous contredira pas sur ce point.

Prochaine étape : Le contrôle de légalité.

S’agissant pour la SEMOP d’une société fondée entre une collectivité territoriale et des partenaires privés, le contrat de concession, une fois signé, devra être soumis aux services préfectoraux.

Et là, il est loisible de penser que les choses risquent de sérieusement se compliquer.

Pour l’occasion, le projet de Monsieur Pons subira ainsi pour la première fois un examen de sa conformité légale et du respect de la règlementation.

Au vu des éléments de ce dossier en tous points inouï, il n’y a que très peu de chances que ce projet puisse aboutir tel que voté par une majorité silencieuse au Conseil municipal d’Eyguières du 30 novembre 2020.

Peu probable par exemple que les juristes en préfecture se satisfassent d’arguments comme celui de « la vente de cornets de glaces aux enfants des visiteurs pendant les après-midis pour sécuriser les recettes de la SEMOP ».

Rappelons que l’énumération des irrégularités dans le cadre du recours de l’AUPASE comporte désormais plus de 57 pages de texte.

L’avenir du projet de Monsieur Pons et de ses comparses semble donc quelque peu compromis, c’est le moins que nous puissions dire aujourd’hui.